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Le français langue d’intégration ?

Le français langue d’intégration ?

Pour une langue d’usage pratique dont l’apprentissage se fonde sur des références quotidiennes,

Pour une langue destinée à devenir la langue courante des apprenants.

C’est une langue dont la première approche est orale.

Son enseignement tient compte des « points de départ » de chacun des apprenants. Le terme Français Langue d’Intégration correspond à un choix politique.

L’hétérogénéité des apprenant(e)s est une caractéristique majeure à savoir gérer. 

Le FLI conduit à un plurilinguisme additionnel et non soustractif.

Le FLI une démarche didactique spécifique.

La langue n’est pas enseignée comme une langue étrangère mais est progressivement intériorisée pour devenir une langue familière. Son enseignement fait écho à l’environnement linguistique dans lequel baigne l’apprenant (au travail, dans la rue, dans les administrations, dans les commerces et les services). C’est une langue de l’autonomie qui permet à l’apprenant de se mouvoir dans les différents espaces de la société et d’y trouver toute sa place.

C’est une langue dont la première approche est orale et qui prend en compte les expressions, les tournures et les « manières de parler » qui permettent de comprendre les conversations courantes et de s’y insérer.

Son enseignement tient compte des « points de départ » des apprenants.

Les conditions d’enseignement peuvent être très disparates puisqu’il y a hétérogénéité des publics, caractéristique constituant elle-même l’une des conditions de la pédagogie. Le « français langue d’intégration » comprend tous les niveaux d’enseignement et se conçoit comme un processus évolutif, susceptible d’accompagner la personne en déplacement pendant toute la durée de son intégration.

Pourquoi une langue dite « d’intégration » ?

L’utilisation du terme « intégration » peut susciter un débat, dès lors qu’il renvoie à l’existence de deux pôles antagonistes : celui du relativisme culturel radical et celui du modèle de société dit « républicain », qui prévaut en France. Ce dernier met l’accent, non sur les différences culturelles ou communautaires mais sur l’universalité de valeurs humaines fondamentales et de l’individu qui est d’abord un citoyen avant d’être membre d’un groupe culturel particulier.

Le débat partage d’un côté les tenants d’un modèle de société multiculturelle et différentialiste, réticents à toute forme d’assimilation, voire d’acculturation ou même d’intégration des groupes particuliers parce qu’ils y voient une forme d’abandon, plus ou moins contraint, des différences culturelles au profit du modèle dominant, et de l’autre les tenants du modèle républicain qui voient, dans les différences culturelles revendiquées, un risque de communautarisation de la société et d’éclatement de la collectivité des citoyens.

Au-delà de ces positions idéologiques, la réalité du processus d’intégration des migrants suit son cours. Entre les représentations identitaires, les discours ou les revendications d’un côté, et la réalité des modes de vie, de consommation, des pratiques religieuses, des intermariages, des pratiques linguistiques, etc., on constate un écart parfois considérable.

Souhaitée ou non, l’intégration, puis l’acculturation et enfin l’assimilation des personnes en déplacement, et plus encore celle de leurs enfants, s’est toujours réalisée en France, de façon plus ou moins rapide et plus ou moins facile.

Le terme intégration a un sens politique, au sens noble du terme : la maîtrise de la langue française, comme langue de partage et d’émancipation par l’autonomie sociale et économique, s’inscrit dans cet esprit. En ce sens, il porte l’héritage des secteurs de la formation continue des adultes et de l’éducation populaire, qui ont contribué à construire les pratiques professionnelles et l’éthique des intervenant(e)s et ont constitué le premier terreau de professionnalisation de la formation linguistique des migrants.

Le terme d’insertion rend donc lui aussi bien compte de la réalité du terrain professionnel et du champ éducatif concerné par ce référentiel. Les actions et les dispositifs d’insertion sont les manifestations concrètes des politiques de l’emploi et de l’action sociale qui concernent, entre autres, les migrants.

Le terme d’immersion, enfin, aurait pu convenir, puisqu’il correspond de fait à la situation linguistique des migrants, mais il correspond également à celle des étudiants étrangers de passage ou des expatriés, qui n’ont absolument pas le même projet migratoire.

Le terme Français Langue d’Intégration correspond à un choix politique.

Pourquoi spécifier un nouveau champ FLI ?

Dans la continuité de la création de nouveaux champs didactiques comme le Français sur Objectif Spécifique, le Français Langue Professionnelle ou le français sur Objectif Universitaire, le Français Langue d’Intégration identifie son domaine non plus en référence aux apprenant(e)s ou à la situation sociolinguistique d’enseignement/apprentissage mais par rapport aux finalités : il s’agit de l’enseignement/apprentissage du français pour l’intégration, sociale, économique et citoyenne des migrants adultes.

Il ne s’agit pas d’une nouvelle étape dans l’éclatement d’une discipline de référence mais d’un nouvel enrichissement : cela n’ajoute pas à la confusion mais contribue au contraire à la clarification puisqu’il s’agit d’un embranchement et non d’une scission.

Pour rappel…

Le FLE désigne l’enseignement/apprentissage du français à l’étranger dans des contextes non francophones ou pour des étudiants de passage en France ;

Le FLS, retrouvant sa définition d’origine, désigne l’enseignement/apprentissage du français hors de France dans un contexte partiellement francophone ou le français langue de scolarisation des enfants nouvellement arrivés en France;

Le FLI spécifie un public, les adultes migrants en France, une finalité particulière et un choix de politique linguistique ainsi qu’un champ professionnel, les bases théoriques et méthodologiques restant communes avec la didactique du FLE ou du FLS.

Donc le FLI donne un nom à une réalité qui s’est construite et autonomisée par rapport aux autres champs didactiques et professionnels qui lui sont proches.

Les apprenant(e)s du FLI ont des spécificités :

  • il s’agit de personnes qui sont en situation d’immersion linguistique dans la société d’accueil pour différentes raisons ; elles sont en milieu homoglotte et apprennent donc autant, sinon davantage, le français en milieu social, au contact direct des natifs, qu’en formation guidée ;
  • ces personnes ont le projet de s’installer durablement ou définitivement en France et leurs rapports à la société française sont très différents de ceux des étudiants étrangers de passage et des expatriés. Le projet migratoire détermine les conduites, les pratiques et les représentations des migrants dans la société d’accueil ;
  • certaines d’entre-elles sont faiblement ou peu scolarisées et leur rapport à l’écrit, notamment, est difficile en français mais également dans leurs langues d’origine.
  • adultes, ces personnes ont derrière elles un parcours de vie, de travail, de scolarisation, en somme des biographies socio-langagières très différentes. Leur diversité induit souvent la constitution de groupes hétérogènes en formation.

Pour résumer…

L’hétérogénéité des apprenant(e)s est une caractéristique majeure en formation d’adultes que les intervenant(e)s doivent savoir gérer.

La notion et le terme de FLI répondent ainsi à une finalité et à un choix de politique linguistique et non plus de simples considérations didactiques dans la mesure où il s’agit, par l’apprentissage de la langue française, de faciliter l’intégration sociale, économique et citoyenne des populations migrantes installées en France.

Le FLI conduit à un plurilinguisme additionnel et non soustractif : il n’« efface » pas les langues d’origine. L’appropriation du français ne signifie aucunement l’abandon des langues d’origine.

Vers une langue-horizon

Le Français Langue d’Intégration n’est pas une langue en soi et pour soi, mais un processus de construction de compétences socio-langagières et de répertoires langagiers qui doit permettre aux migrants d’interagir de façon de plus en plus efficace dans les échanges quotidiens avec les natifs ou avec les autres migrants qui utilisent le français.

Il est donc impossible de définir le FLI en fonction de traits linguistiques particuliers, puisque ceux-ci sont amenés à évoluer en permanence.

Le processus est balisé par les niveaux du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR) et du Cadre de référence pour les approches plurielles des langues et des cultures (CARAP)

Le FLI n’est ni un niveau, ni un état de langue mais l’apprentissage d’une langue- horizon. Il sert de repère pour guider l’orientation de l’enseignement/apprentissage et le faire évoluer. C’est donc bien en cela qu’il se définit d’abord par sa finalité. C’est une construction de compétences socio-langagières et de répertoires langagiers qui doit faciliter l’intégration sociale, économique et citoyenne.

Le FLI a été présenté et défini sous ses aspects langagiers, sociaux, économiques et politiques mais il est surtout, une démarche didactique.

Les questions didactiques, en effet, sont indissociables d’un ensemble de facteurs qui influent directement sur les contenus et les démarches d’enseignement/apprentissage du français.

Le FLI s’inscrit dans la continuité théorique et méthodologique de la didactique des langues en général et de la didactique du FLE et du FLS en particulier.

Les interventions didactiques en FLI doivent donc s’appuyer solidement sur les connaissances accumulées en sciences du langage concernant la description et le fonctionnement des langues et du langage car, si l’étude de la langue n’est plus conçue comme un objectif en soi et pour soi par la didactique des langues, il n’en reste pas moins que la connaissance de l’objet à enseigner est incontournable.

Le FLI est donc une nouvelle démarche et une construction didactique spécifique.

C’est pourquoi des diplômes de Master présentant une orientation FLI sont désormais proposés dans certaines universités françaises, dans lesquels sera traitée la question de l’enseignement/apprentissage de la langue-culture française comme langue vectrice d’intégration sociale, économique et citoyenne.

Niveaux en FLI

A1-1 : première initiation pour des personnes n’ayant pas été scolarisées dans le pays d’origine ;

A1 : niveau de base de l’intégration; il permet la pratique d’un minimum de lecture et d’écriture ;

A 2 : niveau d’usage courant, nécessaire pour obtenir le statut de résident. Il permet une bonne insertion professionnelle ;

B1 : niveau de l’assimilation. Il permet d’exercer ses devoirs de citoyen et est nécessaire pour acquérir la nationalité française ;

B2 : niveau de l’approfondissement. Il permet de mieux se familiariser avec la culture française. Son apprentissage inclut, au-delà du vocabulaire, de la syntaxe et de leurs usages, la compréhension des valeurs et des principes qui fondent la vie en société dans notre pays, tels que la liberté et la responsabilité, les modes de fonctionnement de la société démocratique, les règles de la justice, l’équilibre des droits et des devoirs, le respect des opinions et des religions, la tolérance, la lutte contre les préjugés, la laïcité, la Loi (l’égalité devant la loi, son respect, le régime des sanctions, la création des normes), l’éducation des enfants et le principe de l’instruction publique, l’égalité des hommes et des femmes, les règles de politesse et les usages de la sociabilité (le vouvoiement), les protections (des individus, de la propriété, de la vie privée, des salariés …) ou encore le respect de l’espace public et des autorités publiques.

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